"La
mémoire de ma mère"
Film de 52 mn en préparation
Avec ce film à travers la vie de ma mère j'ai envie de raconter celle d'une génération, celle qui avait 20 ans à la fin des années 1939 et qui toutes leurs vies ont portés le fardeau de cette défaite de la République Espagnole. Leur lutte est celle contre le franquisme, le fascisme dans toute l’Europe. Ils ont vécu l'exil, la résistance contre le régime de Franco tout en essayant de garder un maximum d'espoir et de dignité face aux adversités de la vie.
A coté d'elle j'ai choisis deux autres témoins de cette époque, amis de ma mère, le poète Marcos Ana qui vient de mourir et le guérillero Quico Martinez.
Marcos Ana à la prison de Burgos 1949
Quico Martinez le guérillero
Ma mère la deuxième à gauche en bas au réfectoire de la prison de Barcelone en 1945
Pourquoi j'ai envie de faire ce film:
A
Madrid le 24 mai 2015 le même jour où j'ai été voir ma mère de 93 ans, malade à
l'hôpital et où elle ne me reconnaît
pas, le parti Podemos gagne les élections pour la mairie de Madrid et de Barcelone.
C'est
le début d'un compte à rebours où j'essaye de retrouver la mémoire que ma mère
a perdue.
Ce
qu'elle a oublié et dont elle ne parlait pas c'est la guerre d'Espagne, exil en
France, le retour avec les guérilleros à Barcelone, la prison, l'évasion et de
nouveau l'exil en France.
Toute
sa vie se retrouve dans ses tableaux et dessins.
Le
film alternera les événements politiques avec le vécu de ma mère et les meetings
de Madrid pour les élections municipales du 24 mai 2015.
Victoria Pujolar Amat 1949
Cette histoire personnelle s'entrelace avec certains événements durs, liés à l'exode, l'exil, l'occupation de la France et le franquisme.
Les
points communs entre ces trois personnages c'est qu'ils sont fiers de leurs
luttes, il ne se sont jamais avoués vaincus malgré les aléas de l'histoire. Ma
mère a trouvé la peinture comme expression personnelle et comme manière de
raconter et de figer le présent qui s'efface avec l'avancer de l'âge.
Marcos
Ana, qui vient de mourir en Nov 2016 était ce que l'on peut appeler une"belle gueule" avait trouvé comme moyen d'évasion la poésie pour
fuir tout en parlant, dénonçant la sordidité des geôles franquistes où il
séjourna 23 ans. (Nous l'avons filmé en pleine forme quelque mois avant son décès..
Quico
Martinez guérillero dès l'âge de 10 ans était mineur et fils de mineurs, après avoir écrit deux livres sur son maquis lutte
aujourd'hui contre l'oubli et participe à la reconnaissance de leurs luttes
pour ne plus être traités dans les livres d'histoires de bandits et terroristes
et pense toujours au futur des nouvelle générations.
Comme
par hasard dans les rues de Madrid, dans les meetings de Podemos je retrouve
les mêmes espoirs généreux, le même enthousiasme et les mêmes illusions que
ceux de la génération de ma mère de 1936-39.
Ce
qui est intéressant c'est que la mémoire fait une sélection sélective des
évènements du passé, ne retenant
que ce qui te marque ou ce que ton inconscient veut retenir et transmettre. Ce
qui est symptomatique est le fait que ma mère ne nous a jamais raconté son
expérience de la guérilla en Catalogne dans les années 1944, ni de son passage
dans les prisons franquistes…En échange elle a accepté de tout raconter à sa
nièce pour un livre de mémoire.
De
cette fresque d'une histoire déjà légendaire qui nous paraît aujourd'hui très
lointaine avec un peuple en armes, des poètes qui enflamment les foules et des
irréductibles guérilleros lutant dans les montagnes il ne nous reste que des
photos, des archives que peu de témoignages expliquent.
Donc
le discours de nos trois témoins sont comme la tête d'un iceberg dans une marée
de photos, images, livres d'une guerre perdue par un peuple en 1939 et dont un
parfum d'histoire est un peu préservée ainsi.
Structure filmique:
Le
film sera constitué d'une suite de mini séquences filmés en 2015 aussi bien
chez ma mère qu'à l'hôpital avec des archives des années 1939, 1944 et de
séquences que j'ai filmés depuis vingt ans où elle raconte son crédo artistique
qui la poussé toute sa vie pour
peindre et plus récemment son exil, la guérilla et l'exil.
Ces
séquences biographiques seront chronologiquement entrecroisées avec les
témoignages de deux amis de la famille le poète Marcos Ana et l'ex guérillero
Quico Martinez, qui eux parlent de la prison et de la lutte armée. Ces interviews nous serviront pour comprendre
d'un coté la féroce répression qui c'est abattu sur les républicain avec la
victoire de Franco et par la suite les derniers ilots de résistances armée que fut la guérilla
jusqu'aux années 1954.
Ma
voix off servira de lien et de support à la thématique du film.
J'essaye de raconter la grande histoire à travers
l'existence d'une femme qui se trouve au bout du chemin.
Évènements qui sont traités
dans le film:
La fin de la guerre d'Espagne.
1939: L'exode, "la retirada" (près de 500 000 exilés passent en France) L'exil à Toulouse et dans les camps français (Récébedou)
1939-1943: La vie à Toulouse sous une France occupée.
1944: Le Val d'Aran (tentative de reconquête de l'Espagne en 1944)
La répression et les prisons franquistes.
L'évasion et passage des Pyrénées.
1949: l'opération Bolero Paprica", expulsion des communistes espagnols.
Les années d'exil, la lutte anti-franquiste.
Le retour en Espagne à la mort de Franco.
La reconstruction d'une vie.
Le renouveau d'une gauche où beaucoup de membres sont des petits fils de républicains vaincu en 1939.
1939: L'exode, "la retirada" (près de 500 000 exilés passent en France) L'exil à Toulouse et dans les camps français (Récébedou)
1939-1943: La vie à Toulouse sous une France occupée.
1944: Le Val d'Aran (tentative de reconquête de l'Espagne en 1944)
La répression et les prisons franquistes.
L'évasion et passage des Pyrénées.
1949: l'opération Bolero Paprica", expulsion des communistes espagnols.
Les années d'exil, la lutte anti-franquiste.
Le retour en Espagne à la mort de Franco.
La reconstruction d'une vie.
Le renouveau d'une gauche où beaucoup de membres sont des petits fils de républicains vaincu en 1939.
Guerilleros espagnols
Après a avoir participé pleinement à la Résistance et a la libération du sud du pays les guérilleros espagnols pensent pouvoir utiliser la victoire contre les nazis en d'affrontant directement les armées de Franco au Val d'Aran, fin 1944).
Le Val d’Aran est l’un de ces
territoires où frontière géographique et frontière culturelle diffèrent. Situé
sur le versant nord des Pyrénées, dans l'espace culturel occitan, cette petite
région frontalière montagneuse qui appartient administrativement à l’Espagne,
est difficile à atteindre du côté espagnol, mais aisément accessible par la
France. Cette situation géographique et cette configuration orographique du Val
d'Aran ont été des éléments déterminants dans le choix de ce territoire par les
Républicains espagnols pour lancer l'Opération Reconquête de l'Espagne et
tenter de renverser le régime franquiste. Cette opération, réalisée en octobre
1944, Sous la direction de Monzon
visait à établir un gouvernement républicain provisoire en Val d'Aran, avec
l’aide de la guérilla espagnole (les maquis) qui collaborait, en exil, avec la
Résistance française du sud de la France. L’opération a duré onze jours et la
présence des maquis a été particulièrement importante dans la zone du Baish
Aran. La répression fut terrible et le gouvernement français profita de
cette opération pour désarmer et
arrêter les guérilleros de retour en France.
Interview de Marcos Ana
(2016)
En
Espagne en 1940 la répression pouvait prendre plusieurs formes.
Tout
d’abord on te mettait en prison pour n’importe quoi.
Tu
pouvais être dénoncé par un voisin comme étant de gauche, c’était
suffisant ! Surtout dans les villages où les gens se connaissaient, et où
le maitre d’école était souvent le
plus à gauche. Moi j’ai côtoyé des centaines d’instituteurs en prison, car ils
étaient dénoncés par leurs propres voisins. Dans ce sens la répression fut très
brutale et généralisée.
Marcos Ana
Marcos Ana que je connaissais depuis plus de 40 ans vient de mourir à Madrid à l'âge de 96 ans.
Fernando Macarro Castillo, connu sous le nom Marcos Ana, militant du PCE et a été l'un des derniers survivants qui avait subit les prisons de Franco (23 ans). Il a été emprisonné en 1939 et condamné à mort quand il avait seulement 18 ans. Il a quitté la prison en 1962. En prison, il a commencé à écrire ses poèmes et l'année dernière a publié son dernier livre de combatant dans lequel il a encouragé les jeunes à persévérer de lutter pour un monde plus juste. Actif combatant pour la défense de la République il était commissaire politique de la 44e Brigade mixte sur le front d'Alicante. Après 23 ans de prison il est libéré et part en exil à Toulouse puis à Paris.
Et pourtant, pour Marcos Ana le plus dur, comme il l'a expliqué de nombreuses fois, fut de s'adapter à la liberté. Ses yeux n'étaient plus habitués à de la lumière. En sortant de prison à 42 ans il se rendit compte qu'il n'avait jamais été avec une femme.
Il était bien connu pour son rôle actif dans la solidarité internationale avec les prisonniers espagnols sous Franco. A Paris il dirigeait le Centre d'information et de la Solidarité (CISE) avec Pablo Picasso comme Président d'honneur.
En 2007, il a publié un livre de ses mémoires, "Dites-moi comment est un arbre" dont les droits furent acquis par le réalisateur Pedro Almodovar et considéré comme son chef-d'œuvre. Un roman qui melange poésie et autobiographie .
Sa vie a été entièrement consacrée à la lutte la liberté de création à travers la poésie et la prose. Il fut reconnu en son temps par Pablo Neruda, Rafael Alberti et le prix Nobel, José Saramago. Ces livres sont traduits dans de nombreuses langues.
Marcos Ana que je connaissais depuis plus de 40 ans vient de mourir à Madrid à l'âge de 96 ans.
Fernando Macarro Castillo, connu sous le nom Marcos Ana, militant du PCE et a été l'un des derniers survivants qui avait subit les prisons de Franco (23 ans). Il a été emprisonné en 1939 et condamné à mort quand il avait seulement 18 ans. Il a quitté la prison en 1962. En prison, il a commencé à écrire ses poèmes et l'année dernière a publié son dernier livre de combatant dans lequel il a encouragé les jeunes à persévérer de lutter pour un monde plus juste. Actif combatant pour la défense de la République il était commissaire politique de la 44e Brigade mixte sur le front d'Alicante. Après 23 ans de prison il est libéré et part en exil à Toulouse puis à Paris.
Et pourtant, pour Marcos Ana le plus dur, comme il l'a expliqué de nombreuses fois, fut de s'adapter à la liberté. Ses yeux n'étaient plus habitués à de la lumière. En sortant de prison à 42 ans il se rendit compte qu'il n'avait jamais été avec une femme.
Il était bien connu pour son rôle actif dans la solidarité internationale avec les prisonniers espagnols sous Franco. A Paris il dirigeait le Centre d'information et de la Solidarité (CISE) avec Pablo Picasso comme Président d'honneur.
En 2007, il a publié un livre de ses mémoires, "Dites-moi comment est un arbre" dont les droits furent acquis par le réalisateur Pedro Almodovar et considéré comme son chef-d'œuvre. Un roman qui melange poésie et autobiographie .
Sa vie a été entièrement consacrée à la lutte la liberté de création à travers la poésie et la prose. Il fut reconnu en son temps par Pablo Neruda, Rafael Alberti et le prix Nobel, José Saramago. Ces livres sont traduits dans de nombreuses langues.
Marcos Ana en prison en 1949
ITV de Marcos Ana en juin 2016
Ce qui s’est passé c’est que la répression n'a pas réussi à nous détruire car nous avons transformé les prisons en université. Ce n’était plus un lieu de torture permanente.
Je me souviens avoir fondé un cercle littéraire illégal où on faisait du théâtre. On a même rendu un hommage au poète Miguel Hernandez. C’est incroyable ce que l’on peut faire avec passion malgré les risques. Moi, j'ai été avec Hernandez, on a été
ensemble à la prison de Toreno et pour nous il nous en imposait, car même s'il y avait d'autres poètes connus, comme Alberti qui écrivaient et travaillaient à la maison des intellectuels, lui Miguel Hernandez n'a jamais voulu faire cela, il a voulu être un soldat pas plus. Il aurait pu faire comme les autres vivre à la maison de la culture, où leurs actions étaient nécessaires pour les soldats, pour la presse…mais lui a refusé tout cela et a voulu n'être que soldat.
A
sa mort on lui a rendu hommage, on a fait un montage théâtral avec des draps
comme décor. On avait répété avant pour pouvoir démonter tout en une seconde.
Aux fenêtres ont avait des détenus qui faisait le guet pour prévoir l'arrivé
d'un gardien. Alors il suffisait qu'il dise: "eau", ou "passe
moi la cruche" pour que tout disparaisse.
Je
me rappelle que cela commençait avec une voix lointaine "Miguel est
mort" Miguel est mort" de plus en plus proche et là on évoquait sa
vie. C'était impressionnant de voir 300 prisonniers assis au sol, dans un
silence presque religieux tandis que l'on entendait l'appel des gardiens qui du
haut des miradors pour ne pas s'endormir criait "Alerte 1, alerte 2,
alerte 3 et ainsi de suite, alerte 5, toute la nuit. C'était des choses que
l'on faisait avec passion, de toute notre âme. Et chaque fois on trompait les
gardiens. Eux ils nous fermaient une porte, nous on en ouvrait trois. Car eux
c'était des fonctionnaires, ils pouvaient vous haïr, mais nous on avait quelque
chose de plus, c'était la passion et les idées et ainsi c'est nous qui avions
le dernier mot.
Moi
j’ai commencé à écrire en prison pour informer nos proches de notre situation
.Nous faisions parvenir ces messages en utilisant des tubes de dentifrice. Tu
l’ouvrais par la partie arrière, tu roulais le papier dedans, puis tu le
refermais. Comme cela on était toujours en contact avec les nôtres. Après j’ai
commencé à écrire, j’en avais besoin, pour raconter ce qui se passait.
L’instinct poétique on l’a ou on ne l’a pas. C’est inné pour trouver la rime,
les mots. J’ai commencé à écrire des poèmes et puis j’ai vu qu’ils étaient
reconnus, publiés au Mexique. Alors j’ai continué à travailler, car cela était
une arme, pour lutter, pour moi,
pour mes compagnons de cellule et pour une Espagne que nous voulions
démocratique. Puis j’ai continué à écrire et à publier des livres.
Il
y a des poèmes qui sont très courts…par exemple un jour Raphael Alberti et
Maria Tereza de Léon m’ont demandé de raconter ma vie, et moi je leurs ai
répondu avec un poème :
« Ma vie, je peux vous
la raconter en deux mot :
Une cour de prison, un
morceau de ciel dans lequel passe parfois un nuage perdu ainsi qu’un oiseau
fuyant ses ailes ».
Aujourd'hui
je suis très clair avec mon passé, pas seulement avec toutes ces années passés
en prison sous le franquisme.
Et
cela dans les pires conditions car j'ai été deux fois condamné à mort.
Tous
les matins je voyais partir un groupe de camarade pour affronter la dernière
matinée de leur vie. J'en ai vraiment bavé. Mais, comment te dire, je n'ai
aucun ressentiment, même de haine, à la différence d'autres qui posaient la
question de la vengeance.
Pour
moi, tout cela fut une conséquence de ma vie, de ma lutte, de mes idées et rien
d'autre. Je ne demande pas des comptes à personne. Je suis content d'avoir
accompli mon devoir. Il y a des
gens qui vivent hantés par leur passé. Moi, au policier qui m'a torturé, je
n'ai rien à lui dire. Je n'ai pas d'esprit de vengeance car je sais que ma vie
est la conséquence de ma lutte et de mes idées et c'est normal que j'aie eu à
payer pour cela. J'essaye d'être propre, c'est important. Je ne suis ni victime
des rancœurs ni du passé.
Interview de Victoria
Pujolar Amat
Mon
père travaillait à la Géneralitat
de Barcelone et ma mère au registre civil, pour le gouvernement, mais on
était connus comme des républicains dans le quartier. A ce moment là tout le
monde savait ce qui se passait, On prenait les gens, on les fusillait…où en
prison, on connaissait tout cela. Connaissant le fascisme en Italie et en
Allemagne on a décidé de partir de Barcelone. En 1939, il y avait beaucoup de
monde qui partait, on compte presque un demi million de réfugiés. C'était
beaucoup! Une grande colonne qui est partie dans les routes vers la France.
Evidement les routes étaient tellement encombrées. Je ne peux pas dire, je ne
m'en souviens pas de détails. C'était
si forte la vision de tous ces gens qui marchaient de l'Andalousie, qui
s'étaient réfugiés en Catalogne et qui maintenant fuyaient. Il y avait des
malades, des vieux, des familles entières, des blessés. Il y avait tellement de
monde. L'aviation italienne qui nous bombardait et qui nous mitraillait. Quand
il y avait l'alarme tout le monde fuyait, dans les fossés, les champs. Il
fallait fuir, abandonnant valises et bagages.
C'était
spectaculaire, mais les gens étaient décidés et convaincu car la république
avait fait du peuple des citoyens. Ils ne marchaient pas bêtement, non, ils
allaient en France pour se réfugier. Ici c'était l'enfer. Moi je me suis blessé
au pied, je boitais.
En
France on a été séparé, les hommes envoyés au camp d'Argelès sur mer et les
femmes et les enfants on nous transportait comme des bêtes d'un coin à l'autre.
Les gendarme nous haranguaient "Allez, allez!
Une
fois installée pas loin de Toulouse, j'ai envoyé mon adresse à mon père et à ma
sœur. Il l'a reçu, et m'a écrit. Il était au camp d'Argelès complètement
désespéré, c'était un homme déjà âgé, et il n'avait rien, il avait froid, faim.
Il vivait dans un trou disant qu'il veut mourir là.
En
France ce n'était pas la même ambiance, j'étais plus sociale, je travaillais en
usine. Mes amis, les jeunes étaient tous passé par les camps de concentration
et connaissait mon père et ma mère. A la maison ma mère avait recueillit des
gens pendant l'occupation; Les jeunes était de la JSU qui avait été pendant la
guerre un mouvement très actif. On fait plein d'action sans être embrigadés. On
disait qu'il faut faire tel
action, aider untel,. En ce moment là c'était la bataille de Stalingrad, alors
vous imaginez l'ambiance de guerre qu'il avait. C'est a ce moment là que j'ai
décidé de rentrer en Espagne. A Barcelone, moi je contactais les jeunes membres
de nos organisations. On savait que ce n'était pas de grands groupes. Souvent
c'était des anciens camarades de la JSU qui étaient resté là et qui se
regroupait pour faire de la propagande. Surtout de la propagande. Editer des
tracts que l'on pouvait facilement diffuser. Exprimer a un moment donné que ça c'est horrible, que c'est mal,
parler de la liberté, l'anti franquisme et surtout de la démocratie. Cela
paraît simple, mais c'était très dangereux.
Tableau de Victoria Amat
Tableau de Victoria Amat
Ceux
qui nous dirigeaient venaient de Paris, aussi bien à Madrid qu'en Catalogne.
C'était des gens qui avaient été exilés, étaient revenus clandestinement et
étaient bien préparés. J'ai pris les contacts et on a commencé à travailler.
Petit à petits j'ai pris plus de responsabilités. On m'a présenté la personne,
une femme, qui dirigeait la
jeunesse socialiste unifiée de Catalogne. Elle m'a demandé si je voulais être
la nouvelle responsable? J'ai accepté. Comme cela je suis devenue responsable
de la JSU.
Ce
que je faisais c'était d'aller
dans les villages et contacter des anciens de la JSU, voir ce qu'ils
pouvaient faire. A ce moment là c'est déjà l'époque de la Reconquête du Val
d'Aran par les guérilleros en Espagne.
C'était
très dangereux car il y avait tout un corps d'armée qui les attendait prés de
la frontière. Il y avait des gens qui nous disaient dans les villages qu'ils ne
pouvaient pas secourir les guérilleros qui passaient car il y avait une
vigilance très forte; et que c'était très dangereux. Mais, enfin! Ils sont
quand même passés.
Biographies de: Victoria
Pujolar Amat
Ma
mère, Victoria Pujolar Amat née à Barcelone avait fuit les forces franquistes
en 1936, se réfugiant à Toulouse, en France.
En
1944 elle retourne à Barcelone avec un groupe de guérilleros pour continuer la
lutte armée.
Suite
à une dénonciation elle fut arrêtée, torturée, emprisonnée. Au bout d’un an
avec l’aide de deux camarades elle réussie a s’évader, en 1945.
Elle
est la seule femme a avoir réussie une évasion d’une prison franquiste.
Après
avoir traversé les Pyrénées à pied elle arrive en France. Ici comme exilée politique elle continue la lutte
antifranquiste et n’a jamais arrêtée de peindre.
Tableaux de Victoria Amat
Tableaux de Victoria Amat
Ma
mère, Victoria a vécu plus de 35 en exil avec des faux papiers en toute
illégalité, vivant cachée en grande banlieue communiste parisienne sans eau
courante, puis à l’étranger sous des faux noms. Elle a eu quatre enfants qui
voyaient rarement leur père et qui devaient cacher leur origine espagnole.
Malgré cela elle a réussit à garder
son enthousiasme et a militer quand même faisant les maquettes et la
mise en page du journal Mundo Obrero et la voix catalane de « Radio Espana Independiente » ainsi que des affiches et des illustrations pour le Parti
communiste espagnol, tout cela pour préparer un futur heureux que l’on attend
toujours.
Biographie de Marcos Ana
Marcos Ana naquit le 20 janvier
1920 dans le village de San Vicente en Espagne. Très jeune, il a combattu
auprès de l’armée républicaine durant la guerre civile. Quelques semaines après
l’instauration par la force de la dictature de Franco, en 1939, Marcos Ana fut
arrêté, torturé, et condamné à mort. Il avait 22 ans. Il resta dans les
sinistres geôles du franquisme pendant 22 ans et 7 mois. Durant ces années
d’emprisonnement, Marcos Ana a écrit des poèmes qui ont porté avec détresse son
nom, et ceux de ses compagnons, à travers le monde, contribuant ainsi à
susciter une campagne de solidarité internationale sans précédent. Il a été un
des premiers prisonniers politiques de par le monde à être défendu par Amnesty International. A sa
libération, en 1962, Marcos Ana parcourt le monde où il sera reçu dans les
parlements, les universités,… afin de témoigner de la situation inhumaine des
prisonniers politiques sous la dictature de Franco. A Paris, il créera et
dirigera jusqu’à la fin du franquisme le Centre d’Information et de Solidarité avec l’Espagne(CISE),
présidé par Pablo Picasso.
En 2007, il publie son autobiographie, "Dites-moi à quoi ressemble un arbre" qui sera rapidement un
succès. Quelques mois après sa parution, le cinéaste Pedro Almodóvar en achète les
droits d’adaptation à l’écran. « Je n’ai jamais
rencontré quelqu’un d’aussi bon. C’est pourquoi j’aimerais faire un film sur sa
vie » a dit
de lui Pedro Almodovar
Marcos Ana : "En recouvrant la
liberté, le plus terrible fut le choc de la vie. Encore aujourd’hui, les gens
me demandent souvent ce qui a été le plus difficile pour moi: les vingt-trois
années de prison, la condamnation à mort, la torture, la séparation d’avec la
famille... Je réponds et répondrai toujours, de la manière la plus inattendue
: « Le plus difficile fut la liberté. »« Je n’ai pas assez de futur pour voir la victoire pleine de nos idéaux
nobles et rédempteurs. Nos enfants, ou les enfants de nos enfants la verront et
en jouiront. Le temps des hommes ne coïncide pas toujours avec le temps de
l’histoire et il est très difficile que les processus révolutionnaires profonds
soient accomplis dans l’espace d’une vie. J’ai confiance dans les nouvelles
générations, c’est dans leurs sillons que nous avons semé notre histoire. Elles
poursuivront la lutte pour un monde plus juste et plus humain, un monde sans
famines et sans guerres, sans inégalités sociales, où le soleil se lèvera et
brillera pour tous. Je suis fier de ma vie, des camarades qui m’ont accompagné
dans la lutte, des nobles idées qui ont donné un sens à mon existence, et je
continue à penser que vivre pour les autres est la meilleure façon de vivre
pour soi-même :Tu dois savoir mourir pour les hommes,/ Même pour des
hommes dont tu n’as jamais vu le visage/ Et même sans que personne ne t’y
oblige/ Et même en sachant que rien n’est plus beau ni plus vrai que la
vie. Nazim Hikmet, poète
turc) ".
Biographie de Quico Martinez
Membre du Parti communiste, Francisco Martinez
Lopez Quico, fut d’abord un agent de liaison de la guérilla à
Toreno del Sil (Leon) où il travaillait à la mine.
Suite à une dénonciation et pour échapper à
l’arrestation, il gagnait la sierra en septembre 1947 et s’intégrait au groupe
de Manuel Giron Bazan Giron. Après la décison des militants
communistes, qui jusques là appartenaient à la Federacion de Guerrillas Leon
Galicia, de former leur propre Agrupacion, la Secunda Agrupacion de l’Ejercito
guerrillero, il fut en 1948 le commissaire politique du groupe de Silverio
Yebra Granja El Atravesao dont faisaient également partie
Julian Acebo Alberca Guardiña, Oliveros Fernandez ArmadaNegrin,
Alfonso Rodriguez Lopez Gallego et Augusto Dieguez Yañez Rubio.
Ce groupe avait pour zone d’action la région du Bierzo au Leon et Irense et
Lugo en Galice.
Le 24 février 1949 il faisait partie avec
Silverio Yebra Granja, Enrique Oviedo Blanco Chapa et sa
compagne Asuncion Macias Fernandez La Pandereta, Alfonso Rodriguez
Lopez, Antonio Lopez Nuñez Obxetivo, Bernardo Alvarez Trabaja et
Eduviges Orozco Palacin Andaluz, d’un groupe qui avait rendez-vous
avec Pedro un agent de liaison de Berlanga del Bierzo. Ce
dernier les ayant dénoncés, le groupe tombait dans une embiscade au cours de
laquelle Francisco Martinez Lopez fut blessé et où furent tués Alfonso
Rodriguez Lopez et et Eduviges Orozco Palacin qui sera à tort identifié par la
Guardia Civil comme étant Manuel Giron Bazan.
Le 27 février 1951 le groupe dans lequel il se
trouvait fut encerclé au village de Corporales où, après avoir tué deux membres
de la Guardia Civil, Agustin Puente Martinez et Manuel Combarros Garcia, ainsi
qu’un habitant du village, Angel Moran Arias, les guérilléeos étaient parvenus
à décrocher.
Qielques mois après la mort en mai 1951 de
Manuel Giron Bazan, Francisco Martinez Lopez, accompagné de Silverio Yebra
Granja, Manuel Zapico Terrente Asturiano et Pedro Juan Méndez
Jalisco décidaient de passer par leurs propres moyens en France où ils
arrivaient en septembre 1951 et où, après avoir été arrêtés et menacés d’être
renvoyés en Espagne, ils obtenaient des papiers grâce à l’intervention des
militants libertaires José Ester et de sa compagne Odette.
CV: Jorge Amat
Réalisateur :
Licences
de Cinéma et d’Arts Plastiques à Paris VIII.
Élève
de Jean Douchet, Jacques Rivette, Roger Dadoun, Jean Painlevé et Gilles
Deleuze.
Télévision :
2015 :
Kantorowicz chez Kafka : doc
sur le peintre Kantorowicz
2014
: Une série de clips sur l’art.
2013:
Léo Bassi l'anti Pape de Lavapies –
52 mn doc sur un clown philosophe.
2013:
Génération Ferré- 52 mn doc sur Léo
Ferré -Arte
2012:
"L’instinct de Résistance"-
90 mn avec Stéphane Hessel, Pierre Daix, Armand Gatti, Serge Silberman.
2010
: La France des camps, 1938/1946 – 84 min. France 2 (les 200 camps de
concentrations et 600 000 internés)
2009
: Halte à la mafia - 62 min. Arte
(la révolte de la société civile en Sicile contre la Cosa Nostra)
2008
: Maréchal nous voilà ? - 62 min.
France 2 (la propagande sous Vichy)
2007
: La traque de l’affiche rouge - 72
min. France 2, docu-fiction (comment la police a fait tomber le groupe
Manouchian)
2004
: Témoins de la libération de Paris
- 52 min. TV5 / Planète
2004
: 20 ans en août 1944 - 90 min.
France2 (la Libération de Paris vécue par Madeleine Riffaud)
2003
: La voix de Jean Moulin - 90 min. France 2 (la résistance et la
mort de Jean Moulin)
2001
: Ciao Bella Ciao – 60 et 80 min. Planète
/ La vidéothèque de Paris (l'exil des gauchistes italiens en France) - distribué au cinéma Accatone.
2001:
Le Val d'Aran- 60 mn sur les
guérilleros espagnols en France.
2000
: Le trésor de Yamashita - 52 min.
France 3 (le butin de guerre
japonais aux Philippines)
1999
: « L'espoir pour mémoire » - 3 X 55 min. France 3 /Planète
(Chronique
des Brigades Internationales en Espagne: 1936-39)
1998
: L'oeil du Consul - 52 min. France
3 (la guerre des Boxers et la Chine en 1900)
1990
/ 1999 : Treize films de I3 à 52 min. sur l'Opéra de Paris, le musée du Louvre,
Beaubourg, Orsay et sur des grands peintres (Picasso, Picabia, Max Ernst, Dado,
Clavé, Amado...) pour FR3, Arte, Canal Plus.
1984
: Décors et mirages : doc sur les gd décorateurs de l'opéra, Paris: FR 3
1981
: Les costumes de l'opéra de Paris: FR3
Cinéma :
2014
: L’instinct de Résistance - 86 mn - doc avec
Armand Gatti - Pierre Daix - Stéphane Hessel – Serge Silberman-
2013
: Scénario de long métrage : Trois
femmes à Paris.
2008
: Sonate pour un fugitif - 80 min.
(avec Ainara Iriba et Jordi Florès).
2007
: A la recherche de Kafka – 75 min.
(avec Tom Novembre, Albert Delpy, Juliette Andréa).
2005
: Dado tagueur – 70 min. –
documentaire (pendant 4 ans, l’artiste Dado a peint des fantômes de lépreux
dans une chapelle près de Gisors).
2003
: Voyage en Oxyplatine - 65 min.
(journal de bord de 2 ans de maladie). Sélectionné au Festival de
Saint-Sébastien.
1997
: Les Paradoxes de Buñuel - 80 min.
(avec Michel Piccoli, Jean-Claude Carrière). Sélectionné aux festivals de
Venise, Tokyo et Saint-Sébastien.
1984
: Clin d'œil – 90 min. (avec Julien
Negulesco, Dominique Varda). Prix spécial du jury au festival de
Saint-Sébastien.
Photos :
Expose
depuis 20 ans dans diverses galeries de Paris et d'Espagne.
2015-
Une de ses photos est décerné pour le prix Sade.
Livres :
Les
incontournables de l’Opéra - Éditions Filipacchi – 1990.
Obsessions
nocturnes - texte de Jacques Henric - Éditions Édite – Prix Sade du livre d’art
2006
La
memoria de ma mère
Con
esta película a través de la vida de mi madre quiero hablar de una generación
que tenía 20 años al final de 1938 y que toda su vida han soportado el peso de
la derrota de la República española. Su lucha es contra el franquismo, el
fascismo tanto en Francia, en el exilio, la resistencia contra el régimen de
Franco mientras luchaban para mantener la esperanza y la dignidad frente a las
adversidades de la vida.
Al
lado de mi madre he elegido otros dos testigos de esta época, el poeta Marcos
Ana (23 anos de carcel) y el
guerrillero Quico Martínez.
Broken
Memory
With
this film through the life of my mother I want to speak of a generation that
was 20 years old at the end of 1938 and that all his life have borne the brunt
of the defeat of the Spanish Republic. Their struggle is against Franco fascism
in France, in exile, the resistance against the Franco regime as they struggled
to keep hope and dignity against the adversities of life.
Beside
my mother I chose two other witnesses of this period, the poet Marcos Ana (23
years in prison) and the guerrilla Quico Martinez.