mercredi 27 avril 2016

"La mémoire de ma mère"

Film  de 52 mn en préparation

Avec ce film à travers la vie de ma mère j'ai envie de  raconter celle d'une génération, celle qui avait 20 ans à la fin des années 1939 et qui toutes leurs vies ont portés le fardeau de cette défaite de la République Espagnole. Leur lutte est celle contre le franquisme, le fascisme dans toute l’Europe. Ils ont vécu l'exil, la résistance contre le régime de Franco tout en essayant de garder un maximum d'espoir et de dignité face aux adversités de la vie.
A coté d'elle j'ai choisis deux autres témoins de cette époque, amis de ma mère, le poète Marcos Ana  qui vient de mourir et le guérillero Quico Martinez.









Marcos Ana à la prison de Burgos 1949

Quico Martinez le guérillero 



Ma mère la deuxième à gauche en bas au réfectoire de la prison de Barcelone en 1945






Pourquoi j'ai envie de faire ce film:

A Madrid le 24 mai 2015 le même jour où j'ai été voir ma mère de 93 ans, malade à l'hôpital  et où elle ne me reconnaît pas, le parti Podemos gagne les élections pour la mairie de Madrid et de Barcelone.
C'est le début d'un compte à rebours où j'essaye de retrouver la mémoire que ma mère a perdue.
Ce qu'elle a oublié et dont elle ne parlait pas c'est la guerre d'Espagne, exil en France, le retour avec les guérilleros à Barcelone, la prison, l'évasion et de nouveau l'exil en France.
Toute sa vie se retrouve dans ses tableaux et dessins.


Le film alternera les événements politiques avec le vécu de ma mère et les meetings de Madrid pour les élections municipales du 24 mai 2015.


                     

                      Victoria Pujolar Amat 1949


Cette histoire personnelle s'entrelace avec certains événements durs, liés à l'exode, l'exil, l'occupation de la France et le franquisme.  
Les points communs entre ces trois personnages c'est qu'ils sont fiers de leurs luttes, il ne se sont jamais avoués vaincus malgré les aléas de l'histoire. Ma mère a trouvé la peinture comme expression personnelle et comme manière de raconter et de figer le présent qui s'efface avec l'avancer de l'âge.
Marcos Ana, qui vient de mourir en Nov 2016 était ce que l'on peut appeler une"belle gueule" avait trouvé comme moyen d'évasion la poésie pour fuir tout en parlant, dénonçant la sordidité des geôles franquistes où il séjourna  23 ans. (Nous l'avons filmé en pleine forme  quelque mois avant son décès..
Quico Martinez guérillero dès l'âge de 10 ans était  mineur et fils de mineurs,  après avoir écrit deux livres sur son maquis lutte aujourd'hui contre l'oubli et participe à la reconnaissance de leurs luttes pour ne plus être traités dans les livres d'histoires de bandits et terroristes et pense toujours au futur des nouvelle générations.
Comme par hasard dans les rues de Madrid, dans les meetings de Podemos je retrouve les mêmes espoirs généreux, le même enthousiasme et les mêmes illusions que ceux de la génération de ma mère de 1936-39.

Ce qui est intéressant c'est que la mémoire fait une sélection sélective des évènements  du passé, ne retenant que ce qui te marque ou ce que ton inconscient veut retenir et transmettre. Ce qui est symptomatique est le fait que ma mère ne nous a jamais raconté son expérience de la guérilla en Catalogne dans les années 1944, ni de son passage dans les prisons franquistes…En échange elle a accepté de tout raconter à sa nièce pour un livre de mémoire.
De cette fresque d'une histoire déjà légendaire qui nous paraît aujourd'hui très lointaine avec un peuple en armes, des poètes qui enflamment les foules et des irréductibles guérilleros lutant dans les montagnes il ne nous reste que des photos, des archives que peu de témoignages  expliquent.
Donc le discours de nos trois témoins sont comme la tête d'un iceberg dans une marée de photos, images, livres d'une guerre perdue par un peuple en 1939 et dont un parfum d'histoire est un peu préservée ainsi.



Structure filmique:
Le film sera constitué d'une suite de mini séquences filmés en 2015 aussi bien chez ma mère qu'à l'hôpital avec des archives des années 1939, 1944 et de séquences que j'ai filmés depuis vingt ans où elle raconte son crédo artistique qui la poussé toute sa vie  pour peindre et plus récemment son exil, la guérilla et l'exil.
Ces séquences biographiques seront chronologiquement entrecroisées avec les témoignages de deux amis de la famille le poète Marcos Ana et l'ex guérillero Quico Martinez, qui eux parlent de la prison et de la lutte armée. Ces  interviews nous serviront pour comprendre d'un coté la féroce répression qui c'est abattu sur les républicain avec la victoire de Franco et par la suite les derniers ilots de  résistances armée que fut la guérilla jusqu'aux années 1954.
Ma voix off servira de lien et de support à la thématique du film.

J'essaye de  raconter la grande histoire à travers l'existence d'une femme qui se trouve au bout du chemin.

Évènements qui sont traités dans le film:

La fin de la guerre d'Espagne.
1939: L'exode, "la retirada"  (près de 500 000 exilés passent en France) L'exil à Toulouse et dans les camps français (Récébedou)
1939-1943: La vie à Toulouse sous une France occupée.
1944: Le Val d'Aran (tentative de reconquête de l'Espagne en 1944)
La répression et les prisons franquistes. 
L'évasion et passage des Pyrénées.
1949: l'opération Bolero Paprica", expulsion des communistes espagnols.
Les années d'exil, la lutte anti-franquiste.
Le retour en Espagne à la mort de Franco.
La reconstruction d'une vie.

Le renouveau d'une gauche  où beaucoup de membres sont des petits fils de républicains vaincu en 1939.

Guerilleros espagnols

Après a avoir participé pleinement à la Résistance et a la libération du sud du pays  les guérilleros espagnols pensent pouvoir utiliser la victoire contre les nazis en d'affrontant directement les armées de Franco au Val d'Aran, fin 1944).
Le Val d’Aran est l’un de ces territoires où frontière géographique et frontière culturelle diffèrent. Situé sur le versant nord des Pyrénées, dans l'espace culturel occitan, cette petite région frontalière montagneuse qui appartient administrativement à l’Espagne, est difficile à atteindre du côté espagnol, mais aisément accessible par la France. Cette situation géographique et cette configuration orographique du Val d'Aran ont été des éléments déterminants dans le choix de ce territoire par les Républicains espagnols pour lancer l'Opération Reconquête de l'Espagne et tenter de renverser le régime franquiste. Cette opération, réalisée en octobre 1944,  Sous la direction de Monzon visait à établir un gouvernement républicain provisoire en Val d'Aran, avec l’aide de la guérilla espagnole (les maquis) qui collaborait, en exil, avec la Résistance française du sud de la France. L’opération a duré onze jours et la présence des maquis a été particulièrement importante dans la zone du Baish Aran. La répression fut terrible et le gouvernement français profita de cette opération pour désarmer  et arrêter les guérilleros de retour en France.



Interview de Marcos Ana (2016)
En Espagne en 1940 la répression pouvait prendre plusieurs formes.
Tout d’abord on te mettait en prison pour n’importe quoi.
Tu pouvais être dénoncé par un voisin comme étant de gauche, c’était suffisant ! Surtout dans les villages où les gens se connaissaient, et où le maitre d’école  était souvent le plus à gauche. Moi j’ai côtoyé des centaines d’instituteurs en prison, car ils étaient dénoncés par leurs propres voisins. Dans ce sens la répression fut très brutale et généralisée.
           
   Marcos Ana
Marcos Ana que je connaissais depuis plus de 40 ans vient de mourir à Madrid à l'âge de 96 ans.
Fernando Macarro Castillo, connu sous le nom Marcos Ana, militant du PCE et a été l'un des derniers survivants qui avait subit les prisons de Franco (23 ans). Il a été emprisonné en 1939 et condamné à mort quand il avait seulement 18 ans. Il a quitté la prison en 1962. En prison, il a commencé à écrire ses poèmes et l'année dernière a publié son dernier livre de combatant dans lequel il a encouragé les jeunes à persévérer de lutter pour un monde plus juste. Actif combatant pour la défense de la République il était commissaire politique de la 44e Brigade mixte sur le front d'Alicante. Après 23 ans de prison il est libéré et part en exil à Toulouse puis à Paris. 
Et pourtant, pour Marcos Ana le plus dur, comme il l'a expliqué de nombreuses fois, fut de s'adapter à la liberté. Ses yeux n'étaient plus habitués à de la lumière. En sortant de prison à 42 ans  il se rendit compte qu'il n'avait  jamais été avec une femme.
Il était bien connu pour son rôle actif dans la solidarité internationale avec les prisonniers espagnols sous Franco. A Paris il dirigeait le Centre d'information et de la Solidarité (CISE) avec Pablo Picasso comme Président d'honneur.

En 2007, il a publié un livre de ses mémoires, "Dites-moi comment est un arbre" dont les droits furent acquis par le réalisateur Pedro Almodovar et considéré comme son chef-d'œuvre. Un roman qui melange poésie et autobiographie .

Sa vie a été entièrement consacrée à la lutte la liberté de création à travers la poésie et  la prose. Il fut reconnu en son temps par Pablo Neruda, Rafael Alberti et le prix Nobel, José Saramago. Ces livres sont traduits dans de nombreuses langues.








Marcos Ana en prison en 1949

ITV de Marcos Ana en juin 2016

Ce qui s’est passé c’est que la  répression n'a  pas réussi  à nous détruire car nous avons transformé les prisons en université. Ce n’était plus  un lieu de torture permanente.


Je me souviens avoir fondé un cercle littéraire illégal où on faisait du théâtre. On a même rendu un hommage au poète Miguel Hernandez. C’est incroyable ce que l’on peut faire avec passion malgré les risques. Moi, j'ai été avec Hernandez, on a été 
ensemble à la prison de Toreno et pour nous il nous en imposait, car même s'il y avait d'autres poètes connus, comme Alberti qui écrivaient et travaillaient à la maison des intellectuels, lui Miguel Hernandez n'a jamais voulu faire cela, il a voulu être un soldat pas plus. Il aurait pu faire comme les autres vivre à la maison de la culture, où leurs actions étaient nécessaires pour les soldats, pour la presse…mais lui a refusé tout cela et a voulu n'être que soldat.
A sa mort on lui a rendu hommage, on a fait un montage théâtral avec des draps comme décor. On avait répété avant pour pouvoir démonter tout en une seconde. Aux fenêtres ont avait des détenus qui faisait le guet pour prévoir l'arrivé d'un gardien. Alors il suffisait qu'il dise: "eau", ou "passe moi la cruche" pour que tout disparaisse.

Je me rappelle que cela commençait avec une voix lointaine "Miguel est mort" Miguel est mort" de plus en plus proche et là on évoquait sa vie. C'était impressionnant de voir 300 prisonniers assis au sol, dans un silence presque religieux tandis que l'on entendait l'appel des gardiens qui du haut des miradors pour ne pas s'endormir criait "Alerte 1, alerte 2, alerte 3 et ainsi de suite, alerte 5, toute la nuit. C'était des choses que l'on faisait avec passion, de toute notre âme. Et chaque fois on trompait les gardiens. Eux ils nous fermaient une porte, nous on en ouvrait trois. Car eux c'était des fonctionnaires, ils pouvaient vous haïr, mais nous on avait quelque chose de plus, c'était la passion et les idées et ainsi c'est nous qui avions le dernier mot.

Moi j’ai commencé à écrire en prison pour informer nos proches de notre situation .Nous faisions parvenir ces messages en utilisant des tubes de dentifrice. Tu l’ouvrais par la partie arrière, tu roulais le papier dedans, puis tu le refermais. Comme cela on était toujours en contact avec les nôtres. Après j’ai commencé à écrire, j’en avais besoin, pour raconter ce qui se passait. L’instinct poétique on l’a ou on ne l’a pas. C’est inné pour trouver la rime, les mots. J’ai commencé à écrire des poèmes et puis j’ai vu qu’ils étaient reconnus, publiés au Mexique. Alors j’ai continué à travailler, car cela était une arme, pour lutter, pour moi,  pour mes compagnons de cellule et pour une Espagne que nous voulions démocratique. Puis j’ai continué à écrire et à publier des livres.
Il y a des poèmes qui sont très courts…par exemple un jour Raphael Alberti et Maria Tereza de Léon m’ont demandé de raconter ma vie, et moi je leurs ai répondu avec un poème :
« Ma vie, je peux vous la raconter en deux mot :
Une cour de prison, un morceau de ciel dans lequel passe parfois un nuage perdu ainsi qu’un oiseau fuyant ses ailes ».

Aujourd'hui je suis très clair avec mon passé, pas seulement avec toutes ces années passés en prison sous le franquisme.
Et cela dans les pires conditions car j'ai été deux fois condamné à mort.
Tous les matins je voyais partir un groupe de camarade pour affronter la dernière matinée de leur vie. J'en ai vraiment bavé. Mais, comment te dire, je n'ai aucun ressentiment, même de haine, à la différence d'autres qui posaient la question de la vengeance.
Pour moi, tout cela fut une conséquence de ma vie, de ma lutte, de mes idées et rien d'autre. Je ne demande pas des comptes à personne. Je suis content d'avoir accompli  mon devoir. Il y a des gens qui vivent hantés par leur passé. Moi, au policier qui m'a torturé, je n'ai rien à lui dire. Je n'ai pas d'esprit de vengeance car je sais que ma vie est la conséquence de ma lutte et de mes idées et c'est normal que j'aie eu à payer pour cela. J'essaye d'être propre, c'est important. Je ne suis ni victime des rancœurs ni du passé.


Interview de Victoria Pujolar Amat

Mon père travaillait à la Géneralitat  de Barcelone et ma mère au registre civil, pour le gouvernement, mais on était connus comme des républicains dans le quartier. A ce moment là tout le monde savait ce qui se passait, On prenait les gens, on les fusillait…où en prison, on connaissait tout cela. Connaissant le fascisme en Italie et en Allemagne on a décidé de partir de Barcelone. En 1939, il y avait beaucoup de monde qui partait, on compte presque un demi million de réfugiés. C'était beaucoup! Une grande colonne qui est partie dans les routes vers la France. Evidement les routes étaient tellement encombrées. Je ne peux pas dire, je ne m'en souviens pas de détails. C'était  si forte la vision de tous ces gens qui marchaient de l'Andalousie, qui s'étaient réfugiés en Catalogne et qui maintenant fuyaient. Il y avait des malades, des vieux, des familles entières, des blessés. Il y avait tellement de monde. L'aviation italienne qui nous bombardait et qui nous mitraillait. Quand il y avait l'alarme tout le monde fuyait, dans les fossés, les champs. Il fallait fuir, abandonnant valises et bagages.
C'était spectaculaire, mais les gens étaient décidés et convaincu car la république avait fait du peuple des citoyens. Ils ne marchaient pas bêtement, non, ils allaient en France pour se réfugier. Ici c'était l'enfer. Moi je me suis blessé au pied, je boitais.
En France on a été séparé, les hommes envoyés au camp d'Argelès sur mer et les femmes et les enfants on nous transportait comme des bêtes d'un coin à l'autre. Les gendarme nous haranguaient "Allez, allez!
Une fois installée pas loin de Toulouse, j'ai envoyé mon adresse à mon père et à ma sœur. Il l'a reçu, et m'a écrit. Il était au camp d'Argelès complètement désespéré, c'était un homme déjà âgé, et il n'avait rien, il avait froid, faim. Il vivait dans un trou disant qu'il veut mourir là.
En France ce n'était pas la même ambiance, j'étais plus sociale, je travaillais en usine. Mes amis, les jeunes étaient tous passé par les camps de concentration et connaissait mon père et ma mère. A la maison ma mère avait recueillit des gens pendant l'occupation; Les jeunes était de la JSU qui avait été pendant la guerre un mouvement très actif. On fait plein d'action sans être embrigadés. On disait qu'il faut  faire tel action, aider untel,. En ce moment là c'était la bataille de Stalingrad, alors vous imaginez l'ambiance de guerre qu'il avait. C'est a ce moment là que j'ai décidé de rentrer en Espagne. A Barcelone, moi je contactais les jeunes membres de nos organisations. On savait que ce n'était pas de grands groupes. Souvent c'était des anciens camarades de la JSU qui étaient resté là et qui se regroupait pour faire de la propagande. Surtout de la propagande. Editer des tracts que l'on pouvait facilement diffuser. Exprimer a un moment donné  que ça c'est horrible, que c'est mal, parler de la liberté, l'anti franquisme et surtout de la démocratie. Cela paraît simple, mais c'était très dangereux.


Tableau de Victoria Amat

Ceux qui nous dirigeaient venaient de Paris, aussi bien à Madrid qu'en Catalogne. C'était des gens qui avaient été exilés, étaient revenus clandestinement et étaient bien préparés. J'ai pris les contacts et on a commencé à travailler. Petit à petits j'ai pris plus de responsabilités. On m'a présenté la personne, une femme,  qui dirigeait la jeunesse socialiste unifiée de Catalogne. Elle m'a demandé si je voulais être la nouvelle responsable? J'ai accepté. Comme cela je suis devenue responsable de la JSU.
Ce que je faisais c'était d'aller  dans les villages et contacter des anciens de la JSU, voir ce qu'ils pouvaient faire. A ce moment là c'est déjà l'époque de la Reconquête du Val d'Aran par les guérilleros en Espagne.
C'était très dangereux car il y avait tout un corps d'armée qui les attendait prés de la frontière. Il y avait des gens qui nous disaient dans les villages qu'ils ne pouvaient pas secourir les guérilleros qui passaient car il y avait une vigilance très forte; et que c'était très dangereux. Mais, enfin! Ils sont quand même passés.

Biographies de: Victoria Pujolar Amat
Ma mère, Victoria Pujolar Amat née à Barcelone avait fuit les forces franquistes en 1936, se réfugiant à Toulouse, en France.
En 1944 elle retourne à Barcelone avec un groupe de guérilleros pour continuer la lutte armée.
Suite à une dénonciation elle fut arrêtée, torturée, emprisonnée. Au bout d’un an avec l’aide de deux camarades elle réussie a s’évader, en 1945.
Elle est la seule femme a avoir réussie une évasion d’une prison franquiste.

Après avoir traversé les Pyrénées à pied elle arrive  en France. Ici comme exilée politique elle continue la lutte antifranquiste et n’a jamais arrêtée de peindre.


Tableaux de Victoria Amat

Ma mère, Victoria a vécu plus de 35 en exil avec des faux papiers en toute illégalité, vivant cachée en grande banlieue communiste parisienne sans eau courante, puis à l’étranger sous des faux noms. Elle a eu quatre enfants qui voyaient rarement leur père et qui devaient cacher leur origine espagnole. Malgré cela elle a réussit à garder  son enthousiasme et a militer quand même faisant les maquettes et la mise en page du journal Mundo Obrero et la voix catalane de « Radio Espana Independiente » ainsi que des affiches et des illustrations pour le Parti communiste espagnol, tout cela pour préparer un futur heureux que l’on attend toujours.


Biographie de Marcos Ana
Marcos Ana naquit le 20 janvier 1920 dans le village de San Vicente en Espagne. Très jeune, il a combattu auprès de l’armée républicaine durant la guerre civile. Quelques semaines après l’instauration par la force de la dictature de Franco, en 1939, Marcos Ana fut arrêté, torturé, et condamné à mort. Il avait 22 ans. Il resta dans les sinistres geôles du franquisme pendant 22 ans et 7 mois. Durant ces années d’emprisonnement, Marcos Ana a écrit des poèmes qui ont porté avec détresse son nom, et ceux de ses compagnons, à travers le monde, contribuant ainsi à susciter une campagne de solidarité internationale sans précédent. Il a été un des premiers prisonniers politiques de par le monde à être défendu par Amnesty International. A sa libération, en 1962, Marcos Ana parcourt le monde où il sera reçu dans les parlements, les universités,… afin de témoigner de la situation inhumaine des prisonniers politiques sous la dictature de Franco. A Paris, il créera et dirigera jusqu’à la fin du franquisme le Centre d’Information et de Solidarité avec l’Espagne(CISE), présidé par Pablo Picasso. En 2007, il publie son autobiographie, "Dites-moi à quoi ressemble un arbre" qui sera rapidement un succès. Quelques mois après sa parution, le cinéaste Pedro Almodóvar en achète les droits d’adaptation à l’écran. « Je n’ai jamais rencontré quelqu’un d’aussi bon. C’est pourquoi j’aimerais faire un film sur sa vie »  a dit de lui Pedro Almodovar

Marcos Ana : "En recouvrant la liberté, le plus terrible fut le choc de la vie. Encore aujourd’hui, les gens me demandent souvent ce qui a été le plus difficile pour moi: les vingt-trois années de prison, la condamnation à mort, la torture, la séparation d’avec la famille... Je réponds et répondrai toujours, de la manière la plus inattendue : « Le plus difficile fut la liberté. »« Je n’ai pas assez de futur pour voir la victoire pleine de nos idéaux nobles et rédempteurs. Nos enfants, ou les enfants de nos enfants la verront et en jouiront. Le temps des hommes ne coïncide pas toujours avec le temps de l’histoire et il est très difficile que les processus révolutionnaires profonds soient accomplis dans l’espace d’une vie. J’ai confiance dans les nouvelles générations, c’est dans leurs sillons que nous avons semé notre histoire. Elles poursuivront la lutte pour un monde plus juste et plus humain, un monde sans famines et sans guerres, sans inégalités sociales, où le soleil se lèvera et brillera pour tous. Je suis fier de ma vie, des camarades qui m’ont accompagné dans la lutte, des nobles idées qui ont donné un sens à mon existence, et je continue à penser que vivre pour les autres est la meilleure façon de vivre pour soi-même :Tu dois savoir mourir pour les hommes,/ Même pour des hommes dont tu n’as jamais vu le visage/ Et même sans que personne ne t’y oblige/ Et même en sachant que rien n’est plus beau ni plus vrai que la vie.  Nazim Hikmet, poète turc) ".




Biographie de Quico Martinez
Membre du Parti communiste, Francisco Martinez Lopez Quico, fut d’abord un agent de liaison de la guérilla à Toreno del Sil (Leon) où il travaillait à la mine.
Suite à une dénonciation et pour échapper à l’arrestation, il gagnait la sierra en septembre 1947 et s’intégrait au groupe de Manuel Giron Bazan Giron. Après la décison des militants communistes, qui jusques là appartenaient à la Federacion de Guerrillas Leon Galicia, de former leur propre Agrupacion, la Secunda Agrupacion de l’Ejercito guerrillero, il fut en 1948 le commissaire politique du groupe de Silverio Yebra Granja El Atravesao dont faisaient également partie Julian Acebo Alberca Guardiña, Oliveros Fernandez ArmadaNegrin, Alfonso Rodriguez Lopez Gallego et Augusto Dieguez Yañez Rubio. Ce groupe avait pour zone d’action la région du Bierzo au Leon et Irense et Lugo en Galice.
Le 24 février 1949 il faisait partie avec Silverio Yebra Granja, Enrique Oviedo Blanco Chapa et sa compagne Asuncion Macias Fernandez La Pandereta, Alfonso Rodriguez Lopez, Antonio Lopez Nuñez Obxetivo, Bernardo Alvarez Trabaja et Eduviges Orozco Palacin Andaluz, d’un groupe qui avait rendez-vous avec Pedro un agent de liaison de Berlanga del Bierzo. Ce dernier les ayant dénoncés, le groupe tombait dans une embiscade au cours de laquelle Francisco Martinez Lopez fut blessé et où furent tués Alfonso Rodriguez Lopez et et Eduviges Orozco Palacin qui sera à tort identifié par la Guardia Civil comme étant Manuel Giron Bazan.
Le 27 février 1951 le groupe dans lequel il se trouvait fut encerclé au village de Corporales où, après avoir tué deux membres de la Guardia Civil, Agustin Puente Martinez et Manuel Combarros Garcia, ainsi qu’un habitant du village, Angel Moran Arias, les guérilléeos étaient parvenus à décrocher.
Qielques mois après la mort en mai 1951 de Manuel Giron Bazan, Francisco Martinez Lopez, accompagné de Silverio Yebra Granja, Manuel Zapico Terrente Asturiano et Pedro Juan Méndez Jalisco décidaient de passer par leurs propres moyens en France où ils arrivaient en septembre 1951 et où, après avoir été arrêtés et menacés d’être renvoyés en Espagne, ils obtenaient des papiers grâce à l’intervention des militants libertaires José Ester et de sa compagne Odette.

CV: Jorge Amat

Réalisateur :
Licences de Cinéma et d’Arts Plastiques à Paris VIII.
Élève de Jean Douchet, Jacques Rivette, Roger Dadoun, Jean Painlevé et Gilles Deleuze.

Télévision :
2015 : Kantorowicz chez Kafka : doc sur le peintre Kantorowicz
2014 : Une série de clips sur l’art.
2013: Léo Bassi l'anti Pape de Lavapies – 52 mn doc sur un clown philosophe.
2013: Génération Ferré- 52 mn doc sur Léo Ferré -Arte
2012: "L’instinct de Résistance"- 90 mn avec Stéphane Hessel, Pierre Daix, Armand Gatti, Serge Silberman.
2010 : La France des camps, 1938/1946  – 84 min. France 2 (les 200 camps de concentrations et 600 000 internés)
2009 : Halte à la mafia - 62 min. Arte (la révolte de la société civile en Sicile contre la Cosa Nostra)
2008 : Maréchal nous voilà ? - 62 min. France 2 (la propagande sous Vichy)
2007 : La traque de l’affiche rouge - 72 min. France 2, docu-fiction (comment la police a fait tomber le groupe Manouchian)
2004 : Témoins de la libération de Paris - 52 min. TV5 / Planète
2004 : 20 ans en août 1944 - 90 min. France2 (la Libération de Paris vécue par Madeleine Riffaud)
2003 : La voix de Jean Moulin  - 90 min. France 2 (la résistance et la mort de Jean Moulin)
2001 : Ciao Bella Ciao – 60 et 80 min. Planète / La vidéothèque de Paris (l'exil des gauchistes italiens en France)  - distribué au cinéma Accatone.
2001: Le Val d'Aran- 60 mn sur les guérilleros espagnols en France.
2000 : Le trésor de Yamashita - 52 min. France 3 (le butin de guerre  japonais aux Philippines)
1999 : « L'espoir pour mémoire »  - 3 X 55 min. France 3 /Planète
(Chronique des Brigades Internationales en Espagne: 1936-39)
1998 : L'oeil du Consul - 52 min. France 3 (la guerre des Boxers et la Chine en 1900)
1990 / 1999 : Treize films de I3 à 52 min. sur l'Opéra de Paris, le musée du Louvre, Beaubourg, Orsay et sur des grands peintres (Picasso, Picabia, Max Ernst, Dado, Clavé, Amado...) pour FR3, Arte, Canal Plus.
1984 : Décors et mirages : doc sur les gd décorateurs de l'opéra, Paris: FR 3
1981 : Les costumes de l'opéra de Paris: FR3


Cinéma :
2014 : L’instinct de  Résistance - 86 mn - doc avec Armand Gatti - Pierre Daix - Stéphane Hessel – Serge Silberman-
2013 : Scénario de long métrage : Trois femmes à Paris.
2008 : Sonate pour un fugitif - 80 min. (avec Ainara Iriba et Jordi Florès).
2007 : A la recherche de Kafka – 75 min. (avec Tom Novembre, Albert Delpy, Juliette Andréa).
2005 : Dado tagueur – 70 min. – documentaire (pendant 4 ans, l’artiste Dado a peint des fantômes de lépreux dans une chapelle près de Gisors).
2003 : Voyage en Oxyplatine - 65 min. (journal de bord de 2 ans de maladie). Sélectionné au Festival de Saint-Sébastien.
1997 : Les Paradoxes de Buñuel - 80 min. (avec Michel Piccoli, Jean-Claude Carrière). Sélectionné aux festivals de Venise, Tokyo et Saint-Sébastien.
1984 : Clin d'œil – 90 min. (avec Julien Negulesco, Dominique Varda). Prix spécial du jury au festival de Saint-Sébastien.

Photos :
Expose depuis 20 ans dans diverses galeries de Paris et d'Espagne.
2015- Une de ses photos est décerné pour le prix Sade.
Livres :
Les incontournables de l’Opéra - Éditions Filipacchi – 1990.
Obsessions nocturnes - texte de Jacques Henric - Éditions Édite – Prix Sade du livre d’art 2006

La memoria de ma mère
Con esta película a través de la vida de mi madre quiero hablar de una generación que tenía 20 años al final de 1938 y que toda su vida han soportado el peso de la derrota de la República española. Su lucha es contra el franquismo, el fascismo tanto en Francia, en el exilio, la resistencia contra el régimen de Franco mientras luchaban para mantener la esperanza y la dignidad frente a las adversidades de la vida.
Al lado de mi madre he elegido otros dos testigos de esta época, el poeta Marcos Ana (23 anos de carcel)  y el guerrillero Quico Martínez.

Broken Memory
With this film through the life of my mother I want to speak of a generation that was 20 years old at the end of 1938 and that all his life have borne the brunt of the defeat of the Spanish Republic. Their struggle is against Franco fascism in France, in exile, the resistance against the Franco regime as they struggled to keep hope and dignity against the adversities of life.
Beside my mother I chose two other witnesses of this period, the poet Marcos Ana (23 years in prison) and the guerrilla Quico Martinez.